Le Reigisaho par Kanaï Senseï
L'aikido est tout d'abord un Budo, mais aussi la manifestation des lois de la Nature et des phénomènes psychologiques, sociologiques, éthiques, et religieux.
Tous ces aspects s'empilent les uns sur les autres en ayant chacun son identité propre et unique, et tous ensemble ils constituent ce qu'on appelle Aïkido.
Même si les sports ne s'occupent pas en général des situations de la vie et de la mort, ils entretiennent quand même certaines valeurs nécessaires au développement du caractère, par exemple, l'observation de principes, le respect des autres, le comportement honnête, un habillement approprié et des manières correctes.
Cela doit être encore plus vrai et essentiel dans l'art de l'Aïkido, car l'Aïkido traite des questions de la vie et la mort et insiste sur la préservation de la vie. Dans un tel art il est certainement approprié de mettre l'emphase sur le besoin de dignité, Rei, dans les interactions humaines. C'est pour cette raison qu'il est dit que le Rei est l'origine et le but final du Budo.
Certaines personnes peuvent réagir négativement sur cette attention particulière à l'étiquette, jugeant cela façonné à l'ancienne, conservateur, et c'est compréhensible. Mais on ne doit jamais perdre la signification de l'essence du Rei. Les étudiants de l'Aïkido sont particulièrement encouragés à apprécier les raisons et la signification du Reigisaho, car cela devient un pas important vers le Misogi (1), qui est dans le coeur de la pratique de l'Aïkido.
Notions et qualités fondamentales
à parfaire au cours de la pratique
Dès le début de la pratique, les notions et qualités fondamentales décrites entrent en jeu et permettent d’apprécier le niveau de Shodan après trois années d’étude.
Ces notions sont :
- SHISEI : posture
- KAMAE : garde
- KIRYOKU : puissance vitale
- SEISHIN JOTAI : état mental
- METSUKE : regard - physique et mental
- MA AI : espace - temps
- ARUKIKATA : marche
- TAI SABAKI : déplacement/placement
- KOKYU : respiration
- KOKYU RYOKU : coordination de la puissance physique et du rythme respiratoire
- SOKUDO : rapidité
- KO RYOKU : efficacité
- REIGISAHO : Etiquette
- NICHIJO NO TAIDO : attitude dans la vie quotidienne
- KOKORO NO MOCHI KATA : contrôle des émotions – coeur
CRITERES D'EVALUATION SHODAN – Premier DAN
Sens et niveau
SHO est le début, ce qui commence.
Le corps commence enfin à répondre aux commandements et à reproduire les formes techniques. On commence à saisir une certaine idée de ce qu'est l'Aïkido. Il faut alors s'efforcer de pratiquer ou de démontrer, lentement si nécessaire, mais en s’attachant à la précision et à l'exactitude.
Capacités à vérifier
Le candidat doit disposer des "outils constitutifs" de la pratique de l'aïkido, outils sans la connaissance et la compréhension desquels on ne peut prétendre "faire de l'aïkido".
Cette connaissance et cette compréhension devront ensuite évoluer vers la maîtrise des mêmes outils dans les grades ultérieurs.
Ces "outils constitutifs" peuvent se regrouper en trois grandes rubriques, correspondant à trois types principaux d'indicateurs.
Evaluation du niveau (Indicateurs – Comportements observables)
Connaissance formelle des techniques
Construction des techniques
Cette construction des techniques doit s'observer par l'enchaînement des "phases" suivantes :
- phase initiale de placement
- phase dynamique de création et conduite du déséquilibre ;
- phase terminale où le déséquilibre se transforme en amenée au sol (projection, immobilisation).
Le respect de ces trois phases ne devant pas nuire à la continuité dont l'exigence sera à moduler en fonction du grade demandé.
Principe d'intégrité
La compréhension du principe général et fondamental selon lequel la technique d'aïkido doit préserver et renforcer l'intégrité (au sens le plus large du terme) physique et mentale des deux protagonistes constitue le troisième indicateur des capacités à vérifier.
Ce principe comprend notamment tous les éléments suivants :
- nécessaire unité du corps, de centrage, d'engagement du corps dans le sens de l'action ;
- nécessité d'une attitude juste, d'une maîtrise et d'un emploi adéquat de son potentiel physique, d'un rythme adapté entre les mouvements et à l'intérieur du mouvement
- nécessité de conserver son potentiel, sa disponibilité, sa mobilité, sa capacité de réaction et sa vigilance tout au long de la situation ;
- nécessité de soutenir une attention et une concentration suffisante par rapport au
partenaire.
Déroulement de l'interrogation
Les différents types de travail demandés seront les suivants, dans un ordre et une durée au choix des jurys :
- Suwariwaza (pratique à genoux)
- Tachiwaza (pratique debout )sur saisies et sur coups frappés
- Hanmihandachiwaza (pratique attaquant debout, défenseur à genoux)
- Ushirowaza(attaque arrière)
Deux ou trois formes de travail choisies par le jury :
- Randori (pratique libre) avec deux adversaires
- Tandodori ;(pratique contre couteau)
- Jodori (pratique contre baton)et Jo Nage Waza (pratique de projection avec baton).
CRITERES D'EVALUATION NIDAN – Deuxième DAN
Sens et niveau
Au travail du 1er Dan on ajoute rapidité et puissance en même temps que l'on démontre une plus grande détermination mentale. Cela s'exprime chez le pratiquant par la sensation d'avoir progressé.
Le jury doit ressentir ce progrès en constatant une clarté de la mise en forme et de l’orientation du travail.
Capacités à vérifier
Le niveau deuxième dan doit permettre de manifester une compétence dans le maniement des "outils" définis pour le premier dan, et non plus simplement une compréhension et une connaissance au plan général.
Il convient donc d'être plus exigeant dans l'application des critères déjà définis, et d'y apporter quelques orientations supplémentaires.
Evaluation du niveau (Indicateurs – Comportements observables)
Connaissance formelle des techniques
Construction des techniques
L'exigence complémentaire devra porter sur la fluidité dans la construction des techniques, sur la perfection du contrôle de la distance avec l'adversaire dans toutes les phases du mouvement, et sur la capacité d'anticipation.
Principe d'intégrité
Principes énoncés pour le premier dan avec un engagement physique plus important (restant adapté à l'âge des candidats, et ne devant en aucune façon prendre le pas sur le caractère technique de la prestation).
Déroulement de l'interrogation
Les différents types de travail demandés seront les suivants, dans un ordre et une durée au choix des jurys :
- Suwariwaza (pratique à genoux)
- Tachiwaza (pratique debout )sur saisies et sur coups frappés
- Hanmihandachiwaza (pratique attaquant debout, défenseur à genoux)
- Ushirowaza(attaque arrière)
Deux ou trois formes de travail choisies par le jury :
Randori (pratique libre) avec deux adversaires ;
- Tandodori ;(pratique contre couteau)
- Jodori (pratique contre bâton) et Jo Nage Waza (pratique de projection avec bâton).
CRITERES D'EVALUATION SANDAN – Troisième DAN
Sens et niveau
C'est le début de la compréhension du kokyu ryoku (coordination de la puissance physique et du rythme respiratoire). L'entrée dans la dimension spirituelle de l'Aïkido. La finesse, la précision et l'efficacité technique commencent à se manifester.
Il devient alors possible de transmettre ces qualités.
Capacités à vérifier
Le niveau troisième dan doit permettre de manifester une maîtrise complète des techniques, la capacité à les adapter à toutes les situations, et l'émergence d’une liberté dans leur application.
Les exigences supplémentaires doivent donc porter sur le niveau de maîtrise des critères précédents, et notamment sur :
- un complet contrôle de soi et de ses actes ;
- la capacité à faire des variations à partir des bases, si nécessaires (adaptabilité) ;
- une disponibilité à tous moments de la prestation ;
- une grande maîtrise du principe d'Irimi (entrée);
- une juste appréciation de maai (contrôle de la distance), comme au deuxième dan, et interventions aux bons moments) ;
- la capacité d'imposer et de maintenir un rythme à l'intérieur du mouvement
Déroulement de l'interrogation
au choix des jurys :
- Suwariwaza (pratique à genoux)
- Tachiwaza (pratique debout )sur saisies et sur coups frappés
- Hanmihandachiwaza (pratique attaquant debout, défenseur à genoux)
- Ushirowaza (attaque arrière)
Deux ou trois formes de travail choisies par le jury :
- Randori (pratique libre) avec deux adversaires
- Tandodori ;(pratique contre couteau)
- Jodori (pratique contre bâton)et Jo Nage Waza (pratique de projection avec bâton).
- Tachidori ( pratique avec sabre de bois pour chacun des deux partenaires)
- Kumitachi (exercices avec sabre de bois)
- Kumijo (exercices avec bâton )
- Randori (pratique libre) avec trois adversaires ;
CRITERES D'EVALUATION YONDAN – Quatrième DAN
Sens et niveau
A ce niveau techniquement avancé on commence à entrevoir les principes qui régissent les techniques. Il devient possible de conduire plus précisément les pratiquants sur la voie tracée par le fondateur.
Capacités à vérifier
Le niveau quatrième dan doit permettre de manifester une maîtrise complète des techniques de base et de leurs variantes.
Les exigences supplémentaires doivent donc porter sur le niveau de maîtrise des critères précédents, et notamment sur :
- la manière de dominer à tout moment la situation ;
- l'adéquation du travail au partenaire et à la situation
- la sérénité du candidat ;
- la capacité du candidat à exprimer sa qualité de perception, son degré d'intégration et sa liberté de maniement des principes de la discipline.
Déroulement de l'interrogation
Pour permettre d'évaluer ce qui est requis, l'interrogation devra se dérouler dans une forme légèrement différente des grades précédents.
Elle tentera d'équilibrer :
- les demandes formulées en précisant la forme d'attaque et la technique requise.
- les demandes de Jyu-Waza (pratique libre souple) à partir d'une forme d'attaque.
- les demandes de Henka-Waza [différentes formes d'une technique et (ou) enchaînements à partir de la structure de base de ces techniques].
Ces demandes se feront sur les différents types de travail, dans un ordre et une durée au choix des jurys :
- Suwariwaza (pratique à genoux).
- Tachiwaza (pratique debout )sur saisies et sur coups frappés.
- Hanmihandachiwaza (pratique attaquant debout, défenseur à genoux).
- Ushirowaza (attaque arrière).
- Randori (pratique libre) avec deux adversaires.
- Tandodori (pratique contre couteau).
- Jodori (pratique contre bâton)et Jo Nage Waza (pratique de projection avec bâton).
- Tachidori ( pratique avec sabre de bois pour chacun des deux partenaires.
- Kumitachi (exercices avec sabre de bois).
- Kumijo (exercices avec bâton ).
- Futaridori (saisie par deux adversaires).
- Randori (pratique libre) avec trois adversaires.
GRADES DE HAUT NIVEAU
GODAN (Cinquième Dan)
ROKUDAN (Sixième Dan)
NANADAN (Septième Dan)
HACHIDAN (Huitième Dan)
Liminaire
Les grades, jusqu’au grade de 4ème Dan inclus, correspondent à une progression dans l’aïkido au plan technique. Cette technique doit être considérée comme une base, permettant au pratiquant un développement de toutes ses potentialités.
A partir du Godan (5ème Dan), la maîtrise technique de l’aïkido doit être complétée par une maîtrise au plan spirituel et au plan du comportement général.
Grades KYU
Premiers grades : les KYU
La délivrance des grades KYU se fait sous la responsabilité de l'enseignant du club, sans avoir à en référer à une autorité supérieure comme c'est le cas pour les DAN.
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Celui qui est maître de soi |
Dispositions d’esprit pour la pratique de l’Aïkido
«Aïki n’est pas l’art de la bataille avec l’ennemi ; ce n’est pas une technique de destruction de l’adversaire, c’est la voie de l’harmonisation du monde qui fait de l’humanité une seule nation.»
O Senseï
Comme dans tous les budo, l'étiquette, ou reishiki, a une importance particulière en aïkido.
Le dojo est le lieu consacré à la pratique des budos ou à la méditation bouddhiste zen. Littéralement en japonais, d? signifie la voie (c'est le même caractère que le tao chinois), le dojo est le lieu où l'on étudie/cherche la voie.
Historiquement le dojo était la salle du temple religieux. Ces grandes salles ont aussi été utilisées par la suite pour l'enseignement des arts martiaux. Dans le cas du dojo où l'on étudie les arts martiaux comme dans le cas des dojos servant de centre de méditation bouddhiste, des règles strictes sont instituées. Le dojo est un lieu où l'on progresse. Cette progression est obligatoirement supervisée et contrôlée par un maître, un professeur.
Les armes
La pratique des armes
Le fondateur a réuni dans le j? des techniques de lance, de sabre et de naginata (fauchard). La technique de sabre qu'il a développée est singulièrement différente du kenjutsu des koryu (écoles traditionnelles).
C'est surtout à l'étude de cette dernière que le fondateur consacra son énergie en ce qui concerne les armes.
En plus des techniques à main nues, l'aïkido comporte l'étude du maniement d'armes en bois : le sabre ou bokken, le bâton ou j?, le couteau ou tant?, et de façon plus anecdotique le juken (baïonnette), arme dans laquelle excellait le fondateur et qui lui avait valu d'en être formateur à l'armée.
La tenue vestimentaire
La tenue de base est le keikogi (vêtement d'entraînement), appelé à tort « kimono ». Il se compose d'une veste et d'un pantalon en coton blanc. La veste est fermée par une ceinture (obi). Il s'agit du même qu'en judo, bien qu'il existe des vestes spécifiques dont les manches sont raccourcies afin de faciliter la saisie des poignets.
Lorsque le professeur estime que l'élève a acquis une technique satisfaisante, il l'autorise à porter le hakama, une sorte de pantalon flottant noir ou bleu foncé. Le pratiquant est autorisé à porter le hakama à partir du deuxième ky?.
L'aïkido se pratique pieds nus ou avec des tabis sur le tatami (ou, à défaut de tatami, sur un tapis), mais l'étiquette enseigne qu'il faut s'y rendre avec des chaussures pour des raisons d'hygiène ; les pratiquants utilisent en général des nu-pieds appelés z?ri. Les z?ri doivent être disposées perpendiculairement au tatami, la pointe en direction de l'extérieur afin de pouvoir repartir rapidement. (voir le dossier "étiquette")
Les fondements de l'aïkido par
Tamura sensei
SHISEI
Shisei se traduit en français par : position, attitude, posture, pose. Sugata (shi) exprime la forme, la figure, la taille. Ikioi (sei) exprime la force, la vigueur, la vivacité. Shisei contient ces deux sens.
Mais le sens de shisei ne désigne pas seulement une attitude extérieure : une bonne forme, un bon style, un bon maintien, mais aussi, une force intérieure visible de l’extérieur dans sa manifestation, par exemple, la vitalité chez un enfant apparente au travers de sa vivacité, de ses yeux vifs, de ses mouvements…
KOKYU RYOKU
Les fondements de l'aïkido par Tamura sensei
Vous pouvez pratiquer l’aïkido si vous pouvez soulever trois onces de son. Cela revient à dire,
que l’aïkido n’est pas un art de combat corps à corps, fondé sur l’utilisation de la force
physique et musculaire.
Le travail de la technique en aïkido, se fait en utilisant pleinement l’énergie mentale et
rationnellement la force physique. D’où l’expression employée plus haut. Si l’on utilise cette
méthode, il est possible de développer une force supérieure à celle que l’on croit posséder.
Lorsque nous disons que les personnes âgées, les femmes, les enfants peuvent pratiquer, cela
ne signifie pas seulement qu’ils peuvent s’entraîner, mais bien qu’ils peuvent appliquer cette
voie au combat, après l’avoir comprise.
J’ai déjà effleuré plus haut le kokyu ; dépassons maintenant le stade de la respiration
physiologique pour absorber en nous-mêmes l’énergie de l’Univers ; allons plus loin encore et
fondons-nous en un seul corps avec l’Univers. La force qui en découle est nôtre ; sans être
nôtre, car en réalité, c’est l’énergie de l’Univers qui surgit de notre corps. Cette force
accumulée dans le seika tanden pour emplir toutes les parties du corps, semblable à l’eau qui
jaillit et jamais ne s’arrête, cette force émanant d’un corps et d’un esprit toujours calmes,
sereins, détendus pour répondre à la nécessité en tout temps et dans la direction voulue, cette
force s’appelle le kokyu ryoku.
Cette force, cadeau du Ciel, ne pourra s’exprimer, ni si votre nuque, vos épaules, vos bras sont
inutilement contractés, ni si vous vous imaginez être fort ou au contraire incapable, ni si vous
croyez que cette force ne peut exister. Tous ces déchets, toutes ces impuretés sont autant de
barrages sur le passage du ki. C’est un peu comme un tuyau qui serait pincé, écrasé par un
pied ou bouché par de la terre et dont l’eau ne pourrait s’écouler, alors que l’ayant branché sur
un robinet, vous vous apprêtez à arroser un jardin.
O Sensei répète souvent : « l’aïkido est une purification du corps et de l’âme, c’est décrasser
le corps et l’âme ». Il est bien évident, que l’âme sera rayonnante, que la circulation sanguine
s’améliorera de même que le mental et le physique, si l’on procède à un décrassage intérieur
et extérieur.
Kokyu ryoku doit donner vie, chez le pratiquant d’aïkido, à un geste aussi simple que lever un
bras ou avancer un pied. Une technique d’aïkido exécutée sans l’emploi de kokyu ryoku, n’est
pas une technique d’aïkido, c’est un champagne sans bulles, une bière éventée.
Kokyu ryoku compris intellectuellement est inutilisable. Il faut l’apprendre par le corps dans
l’exercice de tous les jours, il ne s’assimile qu’après un travail d’empilage. O Sensei dit à ce
sujet : « un travail de trois jours n’est qu’un travail de trois jours, un travail d’un an n’est
qu’un travail d’un an, un travail de dix ans engrange la force de dix ans ».
Sans kokyu ryoku la forme de la technique peut exister mais elle n’est qu’une forme vide.
Sans passer par les techniques, il est impossible de s’imprégner de kokyu ryoku. En outre les
résultats seront différents selon que vous y croyiez ou non.
ATEMI
Les fondements de l'aïkido par Tamura sensei
Pour beaucoup de gens, aujourd’hui, le mot atemi désigne le coup de poing du karaté, parce
qu’au karaté, le but de l’entraînement, est de détruire l’adversaire d’un coup de poing ou de
pied.
Et j’écris ce chapitre, parce que d’aucuns croient qu’il n’y pas d’atemi dans l’étude de
l’aïkido.
Certes, dans la pratique actuelle de l’aïkido, on a supprimé l’atemi pour éliminer le risque de
blesser le débutant, également pour éviter que le pratiquant privilégie l’étude de l’atemi au
détriment de la technique, aussi pour empêcher des étudiants à l’esprit mal tourné d’en faire
un mauvais usage alors qu’ils auraient progressé dans la technique.
Donc ceux qui affirment qu’il n’y a pas d’atemi en aïkido, connaissent moins que rien de
l’aïkido. O Sensei définissant l’aïkido dit : « l’aïkido est irimi et atemi ». Toutes les
techniques de l’aïkido incluent l’atemi. Étymologiquement, ateru exprime l’idée d’estimer et
d’évaluer avec précision la surface et le prix d’un champ. Par extension nous aurons : placer
exactement, tomber juste à l’endroit voulu, au centre de la cible, par exemple. A l’idée
d’estimer, évaluer, s’ajoute donc la notion de succès.
Mi : le corps. Dans l’ancien Budo, atemi consistait à frapper les points vitaux de l’adversaire,
pour provoquer une perte de connaissance ou la mort. Blesser en surface ou même briser un
os n’est pas un atemi.
En aïkido l’atemi est aussi utilisé pour dominer la volonté d’attaque, provoquer une douleur
aux points vitaux, perturber la concentration de l’adversaire, stopper son intention d’action.
De ces atemi légers, on passe aux atemi qui provoquent l’évanouissement ou la mort. Il est
bon de les étudier en pensant à l’utilisation du couteau. Évidemment, ce travail doit
comprendre l’étude des points de réanimation. Si vous étudiez les points de l’acupuncture,
telle qu’elle s’est récemment développée, j’espère que vous comprendrez que les points qui
peuvent apporter la guérison, peuvent aussi donner la mort. C’est un bon exemple qui montre
qu’il y a en tout, ura et omote.
Quand vous aurez atteint un niveau d’étude élevé, il sera bon que vous découvriez, en cours
d’exercice, la possibilité de placer ici ou là, un atemi.
TAI SABAKI
Les fondements de l'aïkido par Tamura sensei
Il semblerait qu’en Europe, tai sabaki soit généralement traduit par déplacement. Je pense que
cela ne transmet pas de manière très exacte le sens de tai sabaki tel que nous l’utilisons en
aïkido.
Je vais tenter de vous apporter quelques éclaircissements.
L’idéogramme sabaki est composé de deux éléments : la main et le verbe séparer (qui
contient l’idée de désarticuler avec un couteau). Par extension, le verbe sabaku, est utilisé
dans des expressions signifiant des actions aussi variées que : vendre, distribuer, régler des
dossiers, démêler une affaire… Un homophone de sabaki qui s’écrit avec un autre
idéogramme se traduit par couper un vêtement, juger. Sabaku : redresser un désordre, décider
de ce qui est juste ou faux, disperser des marchandises, faire ce qu’il se doit.
Tai : le corps. Donc tai sabaki signifie qu’au moment où un objet, un homme, tente de vous
atteindre, qu’au moment où un ennemi vous attaque, jugeant de votre position relative, soit
vous vous déplacez, soit vous bougez simplement une partie du corps, rétablissant ainsi, la
situation à votre avantage.
Rétablir la situation à votre avantage n’est pas seulement garder l’équilibre, se mettre à
l’abri… C’est aussi se placer dans une position d’attaque opportune.
Le tai sabaki de l’aïkido demande encore davantage : perturber l’équilibre de Aïte, dans
l’instant même de l’action, et, suite logique, l’amener dans une position telle qu’il ne puisse
plus se mouvoir.
Alors qu’Aïte avait quatre-vingt-dix-neuf pour cent des chances de l’emporter, votre tai
sabaki a renversé la situation. C’est cela tai sabaki.
URA OMOTE
Les fondements de l'aïkido par Tamura sensei
Une technique en aïkido a deux aspects : ura waza – omote waza.
Ura représente principalement l’envers, le verso, le dos, l’aspect caché des choses.
Omote : l’endroit, la surface, l’extérieur, la façade, l’aspect apparent des choses.
Dans tout, il y a omote – ura. L’homme lui-même a une face et un dos.
On peut également utiliser omote – ura dans le sens : extérieur et intérieur. On peut avoir, par
exemple, le visage souriant et le chagrin au coeur, ou encore, l’apparence du Bouddha et être
dépourvu de sang et de larmes.
En classifiant grossièrement, on dira, omote waza des techniques exécutées en entrant face à
l’adversaire et ura waza des techniques en entrant derrière l’adversaire. Certaines techniques
sont possibles en omote waza et en ura waza, d’autres en omote waza seulement ou au
contraire en ura waza.
J’entends par là que, placées dans la vérité du combat, ces techniques qui manquent sous une
certaine forme n’ont pas d’application pratique.
Cette classification en omote waza et ura waza a probablement été introduite pour faciliter
l’entraînement, cependant une part essentielle de la pratique consiste à rejeter cette
classification, à refuser de s’y laisser enfermer.