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Affichages : 28696 Écrit par Alain KAUFFMANN Créé le samedi 28 juillet 2012 15:31 Catégorie : Autour de l'aïkido Comment count:

Les armes

 La pratique des armes

 Le fondateur a réuni dans le j? des techniques de lance, de sabre et de naginata (fauchard). La technique de sabre qu'il a développée est singulièrement différente du kenjutsu des koryu (écoles traditionnelles).

C'est surtout à l'étude de cette dernière que le fondateur consacra son énergie en ce qui concerne les armes.


En plus des techniques à main nues, l'aïkido comporte l'étude du maniement d'armes en bois : le sabre ou bokken, le bâton ou j?, le couteau ou tant?, et de façon plus anecdotique le juken (baïonnette), arme dans laquelle excellait le fondateur et qui lui avait valu d'en être formateur à l'armée.



Histoire


En réalité, Morihei Ueshiba n'a jamais enseigné directement la pratique des armes, ni lors des stages qu'il donnait régulièrement, ni lors des cours qu'il dispensait à l'Hombu Dojo, le dojo central de l'aïkido à Tokyo. Toutefois, comme il les pratiquait presque chaque jour dans son dojo personnel devant un nombre restreint d'élèves, ceci explique leur relative méconnaissance. La transmission de cette pratique s'est faite essentiellement par les plus gradés de ses uchi deshi (étudiant admis à résider dans le dojo) : Hikitsuchi Michio, Sadateru Arikawa et Morihiro Saito. Ce dernier, après la mort du fondateur, a regroupé les techniques qu'il avait apprises et élaboré différents exercices pour permettre leur enseignement. Il existe ainsi dix kumijo (jo contre jo) et cinq Kumitachi (ken contre ken), tous sujets à de nombreuses variantes, plus ce que le fondateur nommait « son œuvre » : Ki Musubi No Tachi. Leur validité martiale est manifeste, Morihei Ueshiba ayant d'ailleurs étudié de nombreuses koryu. Ainsi, on note des ressemblances évidentes entre certaines techniques du sabre de l'aïkido et celles de la koryu Kashima Shinto Ryu (par exemple, entre « ichi no tachi » -aïkido- et le premier kata « ipommé » -Kashima Shinto Ryu-).


Pratique

Par la répétition d'exercices (les suburis qui peuvent-être envisagés comme un alphabet de mouvements élémentaires), le pratiquant vise, entre autres, à réaliser l'unité du corps avec le ken ou le jo qui doivent ainsi véritablement devenir le prolongement de son corps. Par extension de ce principe, la sensation doit devenir la même avec un partenaire qui doit être maîtrisé de la même façon et suivant les mêmes principes.

La pratique des armes permet également d'appréhender différentes distances face à un ou plusieurs adversaires (maai), de travailler une posture correcte (shisei) et de vaincre l'appréhension des armes. L'étude des armes est de plus indispensable à la compréhension d'un grand nombre de techniques à mains nues.

En effet, une grande quantité de mouvements est dérivée des techniques utilisées par les guerriers armés, ou de techniques utilisées pour désarmer l'adversaire. De plus, la visualisation d'un mouvement avec un sabre donne une conception plus claire du mouvement à effectuer à mains nues. Les techniques de sabre ont eu une grande importance dans l'élaboration de l'aïkido par Maître Ueshiba.

Enfin, la koryu Daïto Ryu fut une source majeure pour le fondateur, et cette école comprend notamment un certain nombre de techniques à mains nues prévues pour les samouraïs ayant perdu ou cassé tout ou partie de leur sabre, en gestes facilement assimilables pour un sabreur.

On peut aussi considérer que, fondamentalement, une technique d'Aïkido ne peut se réaliser efficacement que si « l'entrée », l'instant de mise en relation entre les deux protagonistes au moment de l'attaque, est réussie. C'est l'instant « aïki », fraction de seconde où l'harmonie est ou n'est pas, que le génie martial de Moriheï Ueshiba a su percevoir et développer. La pratique des armes permet de se focaliser principalement sur cet instant.

La pratique des armes est très diverse :

  • jo contre jo ;
  • jo contre mains nues / mains nues contre jo, pratique appelée « jo nage » lorsque l'adversaire saisit votre 'jo ; ou « jo dori » lorsqu'il vous attaque avec un jo ;
  • bokken contre bokken, pratique appelée « ken tai ken » ;
  • bokken contre mains nues / mains nues contre bokken, pratique appelée « tachi dori » ;
  • bokken contre jo, pratique appelée « ken tai jo » ;
  • tanto contre mains nues, pratique appelée « tanto dori » ;
  • Juken (baïonnette) contre mains nues, pratique appelée « juken dori » dont Moriheï Ueshiba fut longtemps instructeur pour les armées impériales.


L'apprentissage peut comporter plusieurs types d'exercices :

  • suburi : mouvements réalisés seul et destinés à développer la maîtrise des armes et à apprendre différents coups et postures ;
  • awase : applications avec partenaire des suburi destinées à travailler l'harmonisation ;
  • kumijo et kumitachi : séquences de combat stéréotypées avec partenaire ;
  • kata : suite codifiée de coups et techniques pouvant s'exécuter seul ou à plusieurs.


Une autre arme est pratiquée dans certaines écoles d'aïkido : Le b? (bâton long) ainsi que le bâton court ou tamb?. La pratique du b? permet d'abord la juste position des hanches et des pieds, qui est la même qu'à mains nues.


Au niveau des passages de grade, le travail à mains nues contre le j? ou le tant? est généralement exigible à partir du premier ky?. Le travail au bokken, contre mains nues ou contre un autre bokken, est exigible à partir du troisième dan.

 


Descriptions des armes

 

 - Bokken

Le bokken ( littéralement sabre de bois) ou bokut? ( nom généralement utilisé au Japon) est un sabre japonais en bois reprenant la taille et la forme du katana. Il peut être utilisé avec la garde (tsuba) qui protège les mains, ou sans la garde.

Il est employé dans l'aïkido, le iaido, le j?d?, le kendo et le kenjutsu. Utilisé à l'origine pour l'entraînement, il est aussi devenu une arme de combat. Le samouraï Miyamoto Musashi est réputé pour ses combats au bokken notamment lors de son duel contre Kojir? Sasaki. Il est l'arme par excellence du kenjutsu dans la plupart des koryu.

Comme les katana, les bokken ont suivi leur époque, et chaque école traditionnelle historique — Tenshin Shoden Katori Shint? Ryu, Kashima Shinto Ryu, Yagyu Ryu, Yagyu Shinkage Ryu, Hyoho Niten Ichi Ryu, etc — possède des caractéristiques physiques, poids, courbure, longueur, pointe, épaisseur, adaptée à la technique de cette école.

Au Japon, le terme le plus usité pour désigner un sabre de bois est bokut? , le terme bokken étant un synonyme plus rare. C'est cependant ce dernier terme qui est le plus utilisé hors du Japon. En japonais, le caractère ken  s'emploie de préférence au début d'un mot pour les termes ayant un rapport avec l'escrime, comme dans kend?, (Voie du sabre) ou kenjutsu , (Art du sabre). Le caractère katana , se prononce t? dans les associations de plusieurs caractères, est plutôt utilisé comme un suffixe, comme dans sh?t? (sabre court) et dait? (grand sabre).

 

 

 

Provenance, matériaux et fabrication

La plupart des bokken sont fabriqués en Chine populaire, à Taïwan ou au Japon. Les premiers représentent la majorité des bokken vendus comme jouets ou comme souvenirs, tandis que les bokken taïwanais ou japonais sont plutôt destinés à la pratique des arts martiaux. Il existe de très bons bokken fabriqués en France.

Parmi les bokken de fabrication japonaise, 90%1 sont issus de l'île de Kyushu, en particulier de la ville de Miyakonoj?.

Quatre essences sont utilisées dans la fabrications des bokken : le chêne du Japon (blanc, plus dense, ou rouge, plus léger), le néflier (en japonais biwa), le yusu (ou Isu no ki, dont on utilise le cœur, sunuke), et l'ébène. Le chêne fournit un bois dur aux fibres serrées, résistant aux impacts. Le néflier et le sunuke donnent un bois au grain très fin, donc des bokkens à la surface douce. Les bokken en ébène sont plus lourds, très solides et résistants aux chocs. Les chênes servant à la fabrication des bokkens sont âgés d'au moins 70 ou 80 ans, tandis que les autres arbres doivent avoir au moins 200 ans pour disposer de troncs suffisamment importants.
Musashi Miyamoto avec deux bokken (estampe de Utagawa Kuniyoshi)

Dans la fabrication d'un bokken, le tronc est d'abord coupé en tranches longitudinales, puis mis à sécher à l'air libre pendant un an. Certains fabricants emploient des procédés de séchage mécaniques, qui raccourcissent ce délai à quinze jours, au prix d'une plus grande rétraction des fibres du bois, produisant des bokkens plus sensibles à l'humidité et plus cassants. Un patron permet ensuite de découper mécaniquement la silhouette du bokken dans la tranche de bois, de tailler la pointe et le tranchant (ha). Une fois la forme dégrossie, le bokken est taillé à la main par rabotage successif à l'aide d'une vingtaine de modèles de rabots d'angle et de courbure différents. La finition se fait au papier de verre fin.

Les différences entre fabricants se jouent d'abord au niveau de la qualité du bois employé, puis dans le type du cintre des bokken produits, qui diffèrent par l'amplitude de leur courbure et la position du foyer de la courbure (sori, proche de la poignée, au milieu ou proche de la pointe)

À l'origine, les meilleures qualités recherchées pour un bokken se retrouvaient dans les bois « flottés », notamment dans les vieilles rames de bateau en chêne : bois séché très lentement dans ou au contact de l'eau, d'âge respectable et légèrement tordu par l'effort (et non taillé en arc). Une explication de cette préférence serait que la taille d'une lame courbe dans des fibres de bois rectilignes implique qu'une partie de ces dernières sont coupées, ce qui fragilise le bokken. Il est en revanche possible d'éviter de couper les fibres si celles-ci ont été courbées par une action extérieure, comme dans le cas d'un bois flotté.[réf. nécessaire]

Qualités mécaniques et esthétiques

Un suburit? de bois rouge. La partie représentant la lame est plus épaisse, afin d'accroître le poids de l'ensemble.

En tant qu'arme d'entraînement, le type de qualité attendues d'un bokken dépend du type de travail recherché.

Dans le cadre d'un travail de katas seuls ou de travail de coupe, il s'agit de se rapprocher des sensations du sabre. Le bokken employé doit alors avoir un équilibre et un cintre proches de ceux d'un katana. Pour le renforcement musculaire, il existe des bokken (suburito, « sabres pour la coupe ») à la lame épaissie, reproduisant le poids (mais plus l'équilibre) d'un sabre.

Dans le cadre d'un travail à deux partenaires armés (chacun d'un bokken, ou d'un j? dans le cas du j?d?), la résistance aux chocs devient un paramètre important. Le bois du bokken doit se tasser face à un impact, sans produire d'échardes ou d'angles vifs risquant de blesser les deux protagonistes. Pour ce faire, les bokken de qualité sont taillés dans la longueur du tronc, afin que les fibres aillent d'un bout à l'autre du bokken.

La partie du bokken représentant la lame (dite ha) est taillée en fonction de l'usage qui doit en être fait. Dans le cas des arts reposant sur la confrontation armée, la lame est lisse, se terminant en angle aigu, afin de reproduire le même type de contact et de sifflement que les lames en acier des sabres. Dans le cas de l'aïkido, où un des partenaires peut être à mains nues, la lame est arrondie et la pointe aplatie afin de limiter les risques de blessure et de garantir une meilleure résistance aux chocs.

De même, la position du foyer de courbure, qui détermine le centre de gravité de l'arme, est choisi en fonction d'un arbitrage entre maniabilité et puissance de l'arme.

 


- Jo

Le j? ou bâton moyen est une arme traditionnelle japonaise en bois d'une longueur de 1,28 mètre et d'un diamètre de 2,6 centimètres environ1. Il est utilisé lors de la pratique de l'Aïkido (aiki-j?), du J?d? et du Jo-jutsu.

Le bâton de j?, de taille moyenne, se différencie du b? (bâton long), du tanb? (bâton court) et du hanb? (« demi bâton »).

Le j? est l'objet du j?jutsu ou j?d?, art du maniement du j? face à un adversaire armé d'un sabre (représenté par un bokken). Il est également employé dans le cadre de l'aiki-j?, élément de l'aïkido, soit dans le cadre du désarment à mains nues d'un attaquant armé d'un j?, soit dans le cadre de katas d'harmonisation à deux pratiquants maniant chacun un j?.

Le j? est réputé avoir été conçu par l'escrimeur Muso Gonnosuke qui, après une défaite face à Miyamoto Musashi, cherchait une arme suffisamment longue pour avoir un avantage d'allonge significatif sur le sabre, mais suffisamment court pour rester plus maniable que la lance (yari) ou le b?.

Aujourd'hui il est toujours utilisé par certaines forces de police japonaises.

 


- Tantô

 

Le tant? est un couteau japonais légèrement courbe à un seul tranchant dont la taille de la lame est inférieure à 30 cm (un "shaku" en vérité, unité de mesure des longueurs japonaise). La structure du tant? est généralement semblable à celle du katana, à la différence près qu'il est bien plus court et souvent moins courbé. En général, la section est hira-zukuri (les flancs de la lame sont plats), "unokubi-zukuri" (la partie supérieure des flancs de la lame subit un rétreint, environ du premier tiers de la lame jusqu'au "yokote", arête définissant le commencement de la pointe) ou "kanmuri-otoshi-zukuri" (même conception que sur la section "unokubi-zukuri" mais avec un rétreint se prolongeant jusqu'à la pointe de la lame, formant dans certains cas un contre-tranchant affûté).

Il est l'équivalent d'un poignard ou d'une dague japonaise. Selon sa monture, il peut être appelé tant? (s'il est glissé dans la ceinture) ou kaiken (s'il est caché dans les vêtements).

Il se différencie du aiguchi par la présence d'une garde (tsuba). En vérité, "aïguchi" n'est pas le nom d'un couteau mais le nom d'une monture. La monture standard est "buke-zukuri" : une garde est présente, une tresse de soie ou de coton ("sageo") sert à attacher le fourreau à la ceinture. La monture aïguchi est une monture épurée, où le couteau n'a pas de garde (ou, du moins, son diamètre est égal à celui de la poignée, si bien qu'elle n'est pas proéminente) et où le sageo est inexistant dans la majorité des cas.

Le Tant? était principalement porté par les samouraïs, et il était rare que les gens ordinaires en possèdent un. Les femmes portaient souvent sur elles un petit tant? nommé un kaiken dans leur obi, dans un but d'auto-défense.

Pour la pratique de l'aïkido Le tanto est en bois.

Le tanto est porté à la ceinture tandis que le kaiken, plus petit, est caché dans les vêtements.

Utilisation du tanto

Une frappe avec un tanto peut, traditionnellement, s'effectuer en piquant ou en coupant.
La pique se fait avec le tranchant vers le bas. L'intention n'est pas de tuer mais de mettre hors d'état de nuire, même si la pique peut être mortelle. La coupe est réalisée avec le tranchant vers le haut. La frappe est effectuée vers le bas puis la lame est remontée dans le ventre. Réaliser une coupe s'est vouloir tuer.
C'est ce type de technique, en coupe, qui est utilisée pour faire un tsuki.

 

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