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Créé le mercredi 8 août 2012 16:56
MA AI
Les fondements de l'aïkido par Tamura sensei
Dans le Budo, on dit que ma aï est important. C’est le mot qui définit la relation spatiale entre
Aïte et soi-même. La position d’où il est facile d’attaquer ou de se défendre. Le ma aï n’est
donc pas seulement une notion de distance ; il faut y inclure le mouvement des coeurs dans
l’espace. Si j’ai peur, l’espace semble trop petit, si j’ai trop confiance en moi, l’espace semble
trop grand.
L’idéogramme ma est constitué de la porte et de la lune. C’est la lune perçue par l’interstice
des portes fermées. Nous dirons : quelque closes que soient les portes, il reste toujours un
interstice pour laisser filtrer la lumière de la lune. De même, si parfaite que soit la garde, il y a
toujours un interstice où se glisse la lumière de la lune. Pourquoi cette force dans l’interstice ?
Simplement parce que cette fente, si minime soit-elle, contient l’espace vide tout entier.
Aussi au mur d’honneur du séjour d’une maison japonaise, il y a le tokonoma. Là, dans ce
vide, on peut placer un tableau ou bien des fleurs dans un vase. Ce vide donne vie au tableau
comme aux fleurs.
En peinture, comme en musique, tout vient à la vie parce qu’il y a un espace vide. C’est le
vide du verre qui permet de le remplir. C’est l’espace dans une pièce qui permet aux gens d’y
vivre. C’est la vacuité de cet espace qui est importante. Quand on ne voit rien, quand on pense
qu’il n’y a rien, il y a pourtant quelque chose. La civilisation orientale, peut-on dire, est la
civilisation qui accorde de l’importance à la vacuité.
Le aï de ma aï est le même aï que le aï de aïkido, avec le sens de faire Un, mettre en ordre,
harmoniser… Ma aï est donc, comme vous pouvez le déduire de ce qui vient d’être écrit,
l’espace qui naît à la fois du coeur et de l’esprit, de soi-même et de l’autre, et les englobe tous
deux dans une évolution constante vers la position la plus avantageuse.
J’ai expliqué, jusqu’à maintenant, shisei, kokyu, kamae, ma aï ; qui sont les bases précieuses à
cultiver, à répéter inlassablement, à marteler. Ces quatre termes ne relèvent pas seulement du
domaine du Budo, ils ont la même importance dans tous les arts : kado, la voie des fleurs,
shodo, la voie de la calligraphie, la peinture, la musique, la danse, que dans les études ou la
vie quotidienne. Ce sont des mots dont il faut s’imprégner.
Ce que je vais expliquer maintenant ne fait pas partie du vocabulaire courant japonais : irimi,
taï-sabaki, kokyu-ryoku…